Maître luthier né à Roissy, en 1758, se fixa à Paris vers 1777, rue de Coquillière, au coin de la rue du Bouloy, devint peu de temps après le fournisseur du Conservatoire de la capitale. En 1778, il alla rue Platrière, puis retourna, en 1780, rue Coquillière, seulement vis-à-vis le roulage de France. Quelques années plus tard, il transféra son atelier au 52, rue de Grenelle Saint-Honoré, au coin de la rue des Deux Écus et en 1816, il se retira des affaires et mourut en 1822, à Charenton Saint-Maurice, près de Paris. Sa lutherie est de tout premier ordre, le bois judicieusement choisi, le dos d’une pièce, les crosses finement sculptées, les ouïes bien taillées, élégantes, et le vernis d’une belle teinte rouge à l’huile tirant un peu sur le brun, mais parfois un peu épais. Il copia aussi Stradivari avec grand talent, ce qui lui valut de son vivant une réputation que consacrèrent les virtuoses de son temps, entre autres le violoniste Spohr. Ses violons égalent ceux de Lupot, lequel maintes fois lui fournit des violons en blanc, et son vernis (voyez les deux lettres écrites à Lupot, publiées dans l’ouvrage de Constant Pierre: Les facteurs d’instruments de musique). Il est probable que Pique travailla aussi pour Lupot, ce qui expliquerait certaines variations dans la production de ces deux maîtres. Le Musée du Conservatoire de Paris possède de lui un violon qui fut fait pour le père du biographe Jules Gallay en 1810. Le même Musée possède également un joli théorbe daté de 1779. Un semblable instrument (ancienne collection Snceck, n° 305) est actuellement au Musée de Berlin (n° 2305), ainsi qu’un violon (ancienne collection Snceck, n° 519) classé sous le n° 2519. Cet instrument porte l’étiquette : Pique, rue de Grenelle Si Honoré / au coin de celle des deux écus / n° 35 à Paris 1820 (cette date est-elle erronée ou eut-il une personne qui continua l’affaire à son nom ?). Les dimensions de ce violon sont: Longueur totale, 58 cm. 1/2. Longueur du corps, 36 cm. Largeur supérieure, 17 cm. Largeur inférieure, 21 cm. Éclisses, 3 et 3 cm. Ses violoncelles sont extrêmement rares. Il usait peu de son étiquette imprimée. Il marquait aussi son nom et son adresse sur le bois même à l’intérieur près de l’âme.