Jérome Thibouville-Lamy

La famille Thibouville est une des plus anciennes du département de l’Eure et son origine remonte à Guillaume le Conquérant. Il est fait mention du marquis Thibouville au XVI ème siècle. Il habitait le château de Thibouville près Pont-Audemer, au bord de la Risle. Ce château, dont il reste encore des ruines assez imposantes, fut détruit pendant la guerre de Cent ans. Dans le courant du XVI ème siècle, arriva à la Couture Boussey (Eure), un nommé Jean Thibouville, tourneur sur bois. Il s’y établit et commença la fabrication des petits flûteaux pour les enfants. C’était le début d’une grande industrie et les archives d’Evreux font mention de ce détail. Peu à peu, cette fabrication se développa, d’abord avec des flûtes en buis à 1 clé, ensuite à 4 et 5 clés, puis en cuivre avec des viroles en corne, enfin des hautbois à 7 clés en bois, des petites flûtes et des musettes. La généalogie des fondateurs de la grande fabrique d’instruments à corde de Mirecourt est la suivante : Alexis Husson (1729-1784), Henri Husson (1760-1842), François Husson (1788-1854), Claude-Charles Husson (1811-1893), Charles-Louis Buthod (1810-1889). Quelques facteurs envoyèrent à cette époque leurs fils s’établir à Paris, et ceux-ci prirent la place des Allemands qui étaient les seuls fabricants. Martin Thibouville, grand-père de Louis-Emile- Jérôme T., fut le premier qui vint à Paris (1813). En récapitulant, nous avons à l’origine: La Couture-Boussey 1730, Mirecourt 1760, Paris 1813. Ces trois dates principales constituent, dans leur laconisme, l’historique de la Maison Jérôme Thibouville-Lamy. Le première est celle de la création de la fabrique d’instruments en bois à vent, la deuxième celle de l’installation des ateliers de lutherie de Mirecourt, et la troisième de la facture des instruments de cuivre à Paris. L’oeuvre du père de Louis- Jérôme-Emile Thibouville, grâce à l’autorisation duquel s’opéra la fusion des Husson, Buthod et Thibouville, sous le nom de Jérôme Thibouville-Lamy et Cie, réunit de ce fait les branches de la facture instrumentale, tout en laissant à chacune d’elles son centre respectif. Jérôme Thibouville-Lamy fut un animateur incomparable, sachant porter outre-mer et jusque dans les parties les plus lointaines de l’univers, son nom et la réputation qui désormais y reste attachée. Le développement croissant de ses affaires ne lui permettant plus de diriger seul son importante Maison, il s’adjoignit en 1889, Alexandre-Alfred Acoulon, dont le sens artistique et la haute intelligence contribuèrent si grandement à sa prospérité. Il a été le seul chef de la Maison de 1896 à 1908. À cette époque, Alexandre-Alfred Acoulon s’adjoignait Hugues-Emile Blondelet, dont il avait apprécié depuis longtemps les grandes qualités de travail et de méthode, et en 1913, son fils Alfred-Etienne Acoulon. Les trois associés ont dirigé la Maison Jérôme Thibouville-Lamy de 1913 à 1928, la mort prématurée d’Hugues-Emile Blondelet en avril 1928, a réduit à deux le nombre des gérants de la grande société. Conservant la partie administrative, M. Acoulon père a laissé à son fils Alfred-Etienne Acoulon la direction des usines et la direction commerciale. M. Alfred-Etienne Acoulon, grâce à ses connaissances et à l’expérience acquise auprès de son père et d’Hugues-Emile Blondelet, depuis 1906, date de son entrée à la Maison Jérôme Thibouville-Lamy, tint solidement en mains les destinées de la grande Maison qui lui fut confiée (Musique et Instruments, 1928).

Biographies tirées du Dictionnaire Universel des Luthiers (René VANNES) et de La Lutherie Lorraine et Française (Albert JACQUOT)
  • Date de naissance : Création en 1840
  • Date de décès : Fermeture en 1969